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Rojo, BLANCO y…Negro! Cie Antonio Perujo

Il y a une semaine déjà, Antonio Perujo présentait à la Salle centrale de la Madeleine le deuxième volet de sa trilogie, Blanco. Deux ans après Rojo, qui soulignait l’amour, la passion mais aussi le sang et la souffrance, Blanco emmène le public genevois à la fin d’une soirée  « quand les invités quittent la fête [et que] le calme s’installe ».

La première partie est consacrée au récital donné par l’artiste invitée Isabel Dominguez Amaya et accompagnée par la guitare d’Ismael Heredia. Alegrias, Seguiriyas, Tangos…Isabel nous fait découvrir son univers et son timbre gaditano pendant une vingtaine de minutes. A l’entracte, entre champagne et tapas raffinées cuisinées par El Momento, Antonio déanmbule dans le foyer du théâtre, verre à la main, costume blanc et noeud papillon impeccable. Les gens le saluent et s’étonnent de le trouver là, alors qu’il n’a pas encore mis un tacón sur la scène. Lorsque le public rejoint la salle et que les lumières s’éteignent, musique et brouhaha de lounge bar résonnent. Antonio fait son entrée parmi les sièges et rejoint ses fidèles musiciens El Mati et Ismael Heredia. Serrana…de toute beauté, force et délicatesse, virtuosité des castagnettes, encore une fois certes, mais Antonio Perujo leur donne un souffle nouveau. La voix particulière d’El Mati nous transporte comme toujours, elle est même légèrement différente de la dernière fois, plus sûre, plus corsée. Tarantos avec la tonalité des letras del tio rufino, Tangos de Granada sur une chaise…sans aucun doute une bonne façon de les savourer ! Attendre qu’ils viennent vous chatouiller, vous faire vibrer, sans avoir à exécuter des pas compliqués et dénaturés. Mati sort, la lumière se fait jazzy et Antonio interprète le boléro « Nostalgia » que chante Isabel Amaya cachée derrière lui. D’ailleurs, ce boléro vaut à lui seul toute la première partie, Isabel explose magnifiquement. Et finalement, les lumières chaudes, les chapeaux, bretelles-marcel et l’humour du trio nous emmène à Cuba pour une Guajira fine, drôle, avec une mise en scène pleine de poésie. Le public a applaudi au tour de l’éventail, la magie dans les yeux. La fin est arrivée sans que l’on se rende compte de l’heure et on aurait encore aimé profiter du talent du danseur. Antonio Perujo démontre encore une fois que, seul ou accompagné, il a d’inépuisables ressources créatives. Tout en conservant sa retenue élégante et naturelle d’un faux-vrai timide, il s’ouvre et se donne au public. Une danse remplie d’honnêteté et ça se ressent.

Comme une promesse, le troisième et dernier volet, qui sera probablement Negro, se fait déjà attendre! Passion du rouge, éclat du blanc et…le mystère reste entier pour le noir…quoique! Mon esprit ne peut s’empêcher de voguer sur une Soleá mémorable.

Rebeca Foëx-Castilla

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